A BATZ CHACALTZE, UNE ECOLE EN PAYS IXIL
La caillouteuse route de montagne qui mène au village est fréquemment coupée par les torrents de boues qui dévalent lors des orages. La zone est ainsi fréquemment isolée.
Le paysage verdoyant, les hauts sommets massifs des Cuchumatanes font penser aux Pyrénées et les chemins sont ceux des années 1950 en France.
Dans le village en contrebas, on aperçoit à peine les toits de tôles " laminas " des habitations enfouies dans de petits jardins tropicaux. Ce sont des petits paysans propriétaires de minuscules lopins de terre arrivant tout juste à l’auto-suffisance. La région a particulièrement souffert lors des années 1979-1985 des violences de la guerre civile. Les para-militaires s'acharnant avec une cruauté extrême sur une population à forte tradition Maya. La richesse des broderies des huipiles féminins, l'architecture de la mairie de Chajul (village voisin dont dépend Batz Chacaltze) témoignent de la vivacité de cette culture.
Comme dans tous les chantiers financés par Mayacœur, la population du village participe activement aux travaux, pour les fondations, pour la main d'œuvre, à toutes les étapes ne nécessitant pas de compétences techniques. Seul le travail du maçon professionnel et du charpentier sont rémunérés.
Eduardo le coordonnateur du projet et Domingo le " président " du comité éducatif du village insistent sur l'importance de la finalité culturelle de cette construction. Les classes actuelles sont les 3 locaux de planches et tôles que les villageois avaient bricolés pour leurs enfants et le bâtiment en dur, à toit de tôle ondulé construit par le gouvernement dans le cadre de sa réforme scolaire.
Cette nouvelle école va être représentative de la culture Ixil son toit sera de tuiles, des piliers de bois orneront sa façade, un " tapanco " : lieu de vie, en bois entre la toiture et le plafond permettra aux enfants d'échapper aux fortes pluies comme aux fortes chaleurs.
Un école utilitaire mais aussi un symbole de la dignité maya dans une région particulièrement meurtrie.
En juillet 2005 le bâtiment prend forme Les photos reçues témoignent de l'avancée des travaux. Les piliers extérieurs et la toiture sont maintenant en place, le sol va pouvoir être damé et cimenté, il restera les finitions mais l'école est déjà opérationnelle.
Au Guatemala les apprentissages fondamentaux sont acquis par les enfants de 7 à 14 ans, au delà il s'agit d'approfondir. Le taux d'alphabétisation est de 70 %.
A Batz Chacaltze, sous l'impulsion de Domingo le responsable du comité éducatif, une classe accueillant des jeunes mais aussi des adultes a été créée pour ce niveau " d'approfondissement ", elle est hébergée dans le bâtiment du gouvernement mais elle manque de matériel pédagogique et scolaire, nous souhaitons l'aider.
En 2007, l'école est presque achevée, les portes des salles de classe sont installées et les problèmes de pose des fenêtres sont maintenant solutionnés : leur transport sera assuré par l'autobus desservant les village plusieurs fois par semaine, une nouvelle technique de fixation a été trouvée ainsi qu'un professionnel compétent acceptant de se déplacer si loin dans la montagne.
Le " tapanco " est superbe. Il s'agit d'un vaste espace entre toiture et plafond des classes qui servira de salle de jeux et salle polyvalent pendant la saison " froide " et pluvieuse.
Eduardo explique : pour remédier aux infiltrations, les villageois ont décidé de reposer l'ensemble des tuiles en renforçant la structure de la charpente. Ils en profiteront pour augmenter le ombre de lucarnes du " Tapanco " faisant ainsi de cet espace une agréable pièce à vivre.
Cette école est une réussite architecturale et esthétique. Construite sans architecte avec l'aide de quelques professionnels maçons et charpentiers (pas toujours faciles à trouver), elle témoigne d'un savoir faire hérité de la tradition Maya-Ixhil très vivace dans cette région.
En mars 2008 l'école était opérationnelle.